Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/7

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personne. Je ne cherche pas à les pallier. Je ne puis répondre à mes critiques qu’en m’humiliant et en réclamant pour ces faiblesses une plus grande part d’indulgence. Ils ne se trompent guère en considérant ces premières éditions de mes poésies comme de véritables improvisations en vers. Si elles sont destinées à se survivre quelques années à elles-mêmes, il me sera plus facile de les polir à froid, lorsque le mouvement de la pensée et du sentiment sera calmé, et que l’âge avancé m’aura donné ce loisir des derniers jours, où l’homme repasse sur ses propres traces et retouche ce qu’il a laissé derrière lui. S’il en est autrement, à quoi bon ? Quand on a respiré en passant et jeté derrière soi une fleur de la solitude, qu’importe qu’il y ait un pli à la feuille, ou qu’un ver en ronge le bord ? on n’y pense plus.

Il me reste à prier le lecteur bienveillant de ne pas m’imputer ce qu’il y a de trop fantastique dans cet épisode. Cela entrait comme élément nécessaire dans l’économie de mon poème. La pierre lourde et froide sert quelquefois de fondation à un édifice plus gracieux et plus décoré. Les deux épisodes qui suivront celui-ci sont d’une nature plus contemporaine et plus saisissante. Ils rappelleront de plus près ce Jocelyn pour qui le public qui lit des vers a montré une si indulgente partialité. On le retrouvera plusieurs fois dans ce drame épique, d’où il n’a pas disparu sans retour.

L’épisode qui suit la Chute d’un Ange est intitulé les Pécheurs.

Paris, 1er mai 1838.