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VI


Telles étaient aussi les attitudes, les musiques et les voix sur la terrasse du toit d’Andréa. Graziella jouait de la guitare, et Beppino, faisant rebondir ses doigts d’enfant sur le petit tambour qui avait servi autrefois à l’endormir dans son berceau, accompagnait sa sœur. Bien que les instruments fussent gais et que les attitudes fussent celles de la joie, les airs étaient tristes, les notes lentes et rares allaient profondément pincer les fibres endormies du cœur. Il en est ainsi de la musique partout où elle n’est pas un vain jeu de l’oreille, mais un gémissement harmonieux des passions qui sort de l’âme par la voix. Tous ses accents sont des soupirs, toutes ses notes roulent des pleurs avec le son. On ne peut jamais frapper un peu fort sur le cœur de l’homme sans qu’il en sorte des larmes, tant la nature est pleine, au fond, de tristesse ! et tant ce qui la remue en fait monter de lie à nos lèvres et de nuages à nos yeux !…


VII


Même quand la jeune fille, sollicitée par nous, se levait modestement pour danser la tarentelle aux sons du tambourin frappé par son frère, et qu’emportée par le mouvement tourbillonnant de cette danse nationale, elle tournoyait sur elle-même, les bras gracieusement élevés, imitant avec ses doigts le claquement des casta-