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même précision que le chiffre exprime le nombre. Il aspirait comme lui à la réforme des idées arriérées sur l’esprit humain de quelques siècles ; avec la noblesse il aspirait à la subalternité du clergé comme corps politique et comme corps propriétaire des biens de la nation ; comme provincial, il n’aimait pas la cour et désirait des institutions qui élevassent le pays au-dessus des antichambres et des œils-de-bœuf de Versailles ; comme philosophe et comme savant, sentant sa valeur, il voulait que le mérite et la considération fussent des titres au pouvoir rivalisant au moins avec la naissance. En un mot, il était de cette vaste et presque universelle opposition, sous les dernières années de la monarchie, qui présageait, en pensant la modérer, une révolution certaine. Il ne désirait pas sans doute un bouleversement, mais un redressement de toutes choses dans l’État. Cependant il était au fond plus républicain qu’il ne le croyait lui-même, car son esprit éminemment critique et réformateur, et son caractère fier et absolu, s’accommodaient également mal de toutes les supériorités instituées. Il n’était que constitutionnel, mais peut-être eût-il été révolutionnaire plus complet s’il n’avait été aristocrate d’habitude comme La Fayette et Mirabeau.


XIX


Aux premiers signes de la tempête, ses talents et sa considération firent jeter les yeux sur lui, et il fut élu de la noblesse aux états de Bourgogne. On pensa a lui pour les états généraux ; ses infirmités, qui l’entravèrent de bonne heure, l’empêchèrent de consentir au rôle qu’on