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sa solde, qui rivalisait avec la musique des Condé à Chantilly.

Il y avait une seconde noblesse peu antique, peu illustre, mais composée de sept ou huit maisons tout à fait locales, qui tâchaient d’égaler en magnificence l’évêque et ce qu’on appelait la noblesse de cour.

Enfin, il y avait une bourgeoisie propriétaire et oisive, vivant de la terre et nullement du commerce ou des professions libérales. Aussi ancienne et plus ancienne même que la noblesse, cette bourgeoisie se confondait entièrement avec elle, dans les mêmes salons, dans les mêmes châteaux, dans les mêmes opinions, dans les mêmes plaisirs. Un titre ou une particule faisait toute la différence.


XXX


La révolution, après avoir dispersé, ruiné, emprisonné ou fait émigrer toute cette société, en avait rejoint de nouveau presque tous les débris depuis la terreur, le directoire et le consulat. Le comte de Montrevel avait seul payé de sa tête son immense fortune et son grand nom. L’évêque était tombé à l’aumône des fidèles ; il vivait du pain d’un de ses anciens serviteurs, qui l’avait recueilli sous son toit, aussi résigné et aussi serein dans sa misère qu’il avait été jadis magnifique et prodigue dans son opulence.

Les chanoines et les abbés vivaient de petites pensions du gouvernement et des secours de leurs familles. Les émigrés, pour la plupart jeunes quand ils avaient quitté la France pour l’armée de Condé, avaient retrouvé chez