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ACTE II, SCÈNE II

Mon frère ! Le hasard m’a mieux servi que toi !
L’enfant que je craignais était là, devant moi !
De mes bras à l’instant un moine l’a reçue.

serbelli.

Un moine ?…

salvador.

Ne crains rien !À ses côtés tu l’auras aperçue.
Il te la conduisait. Retourne vite au port
La recevoir de lui… je t’écrivais… Il sort.

serbelli.

Un moine ?…

salvador.

Un moine ?…Oui.

serbelli.

Un moine ?… Oui.Guidant une enfant toute blême,
Une fille en haillons et du trépas l’emblème.

salvador.

C’est cela même ; il va la conduire au vaisseau,
Muni de ce billet revêtu de mon sceau.

serbelli.

Tu me l’as envoyé vers le port ?…

salvador.

Tu me l’as envoyé vers le port ?…Oui, te dis-je.
Pourquoi ces questions ? Es-tu pris de vertige ?

serbelli.

Malheureux ! malheureux ! dans quel piège imprévu ?…

salvador.

N’as-tu rien vu, cruel ?…

serbelli.

N’as-tu rien vu, cruel ?…Hélas ! j’en ai trop vu !

salvador.

Arrache-moi d’un mot à l’horreur de ce doute.
Ta parole me glace, elle me tue !