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CÉSAR.

n’avait point à se plaindre ; ainsi, de peur que l’inaction n’engourdît leurs bras ou leur cœur, il aimait mieux être méchant et cruel sans nécessité.

Comptant sur de tels amis, sur de tels associés, alors que par tout l’empire les citoyens étaient écrasés de dettes et que les soldats de Sylla, la plupart ruinés par leurs profusions, encore pleins du souvenir de leurs rapines et de leurs anciennes victoires, ne désiraient que la guerre civile, Catilina forma le projet d’asservir la république. Point d’armée en Italie, Pompée faisant la guerre aux extrémités de la terre : pour Catalina donc, grand espoir de briguer le consulat ; le sénat sans défiance, partout une tranquillité, une sécurité entières : les circonstances ne pouvaient être plus favorables à Catilina.

» Or, ce fut vers les calendes de juin, sous le consulat de César et de Figulus, qu’il commença à s’ouvrir séparément à chacun de ses amis : encourageant les uns, sondant les autres, leur montrant ses moyens, la république sans défense, et les grands avantages attachés au succès de la conjuration. Dès qu’il se fut suffisamment assuré des dispositions de chacun, il réunit en assemblée tous ceux qui étaient les plus obérés et les plus audacieux. Il s’y trouva, de l’ordre des sénateurs, P. Lentulus, Laura, P. Antronicus, L. Cassius Longinus, C. Céthégus, P. et Ses. Sylla, tous deux fils de Servius, L. Vargunteius, Q. Annius, M. Porcius, Loca, L. Bestia, Q. Curius ; puis, de l’ordre des chevaliers, M. Fulvius Nobilior, L. Statilius, P. Gabinius Capiton, L. Cornélius ; en outre, plusieurs personnes des colonies et des municipes, tenant aux premières familles de leur pays. Il y avait encore d’autres complices de l’entreprise, mais un peu plus secrets (César), nobles personnages dirigés par l’espoir de dominer plutôt que par l’indigence ou par quelque autre nécessité de position.