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CÉSAR.

les avoir à sa dépendance et à sa dévotion. Je n’ignore pas que quelques-uns en ont conclu que les jeunes gens qui fréquentaient la maison de Catilina n’y conservaient guère leur chasteté ; mais des conjectures tirées d’autres faits, sans qu’on pût alléguer rien de positif, avaient seules donné lieu à ce bruit.

» Et en effet, dès son adolescence, livré sans frein a sa passion des femmes, Catilina avait séduit une vierge de noble famille, puis une vestale, et commis maints excès également contraires aux lois et à la religion. Et plus tard il s’éprit d’amour pour Aurélia Aristillia, chez qui, hors la beauté, jamais honnête homme ne trouva rien de louable. Comme elle hésitait à l’épouser à cause d’un fils déjà grand qu’il avait eu d’un premier mariage, il passe pour, constant que, par la mort de ce fils, il ouvrit dans sa maison un champ libre à cet horrible hymen.

» Ce forfait, si je ne me trompe, a été l’un des principaux motifs qui lui firent hâter son entreprise. Cette âme impure, ennemie des dieux et des hommes, ne pouvait trouver de repos ni dans la veille ni dans le sommeil, tant le remords faisait de ravages dans ce cœur bourrelé ! Son teint pâle, son affreux regard, sa démarche tantôt lente, tantôt précipitée, tout, en un mot, dans ses traits, dans l’expression de son visage, annonçait le trouble de son cœur.

» Toutefois, cette jeunesse qu’il avait su gagner par ses séductions, comme je viens de le dire, il avait mille manières de la former aux crimes. De quelques-uns il disposait comme faussaires et faux témoins : honneur, fortune, périls, ils devaient tout sacrifier, tout mépriser. Puis, quand il les avait perdus de réputation et avilis, il leur commandait des crimes plus importants. Manquait-il dans le moment de prétexte pour faire le mal, il leur faisait surprendre, égorger comme des ennemis ceux dont il