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CÉSAR.

grand péril ; puisque, par le témoignage de T. Volturicus et des ambassadeurs allobroges, aussi bien que par leurs propres aveux, ils sont convaincus d’avoir comploté le massacre, l’incendie et d’autres attentats affreux, atroces, envers leurs concitoyens, j’opine pour que, d’après ces aveux et la preuve acquise contre eux d’un crime capital, ils soient, conformément aux institutions de nos ancêtres, livrés au dernier supplice. »

Ce discours, où l’on sentait le nerf du républicain antique, cette apostrophe intrépide à César : « Quand les hommes comme vous ne craignent rien, tous les bons citoyens doivent craindre ! » entraînèrent le sénat et atterrèrent César. Il se fut, ne jugeant pas sur de défier un homme de bien et de demander à Caton la signification de ses paroles. C’était s’avouer complice.

Cicéron ne donna pas au sénat et à l’opinion le temps de revenir sur un jugement politique prononcé Si la chaleur des harangues, sous la panique de la ville, sans procès, sans enquête, sans contradiction, sans autres preuves que des lettres à double sens. Sûr de la défection de Cassius et de César, trop heureux de laisser tomber la colère du peuple sur quelques misérables ; sûr du sénat qui se vengeait de ses craintes ; sûr du peuple et même de la populace qui applaudissaient sur la place de la Concorde au supplice des prétendus incendiaires de Rome, il conduisit lui-même les condamnés à la prison.

« C’était, dit Salluste, un cachot appelé plus tard, du nom de Cicéron, Tullianum. On y descend, après avoir franchi le vestibule, en tournant à gauche, a environ douze pieds romains au-dessous du sol ; des pierres énormes le rendent de toute part impénétrable et forment au-dessus une voûte liée par des blocs incrustés les uns dans les autres ; les ténèbres, l’humidité, les immondices, l’odeur fétide de ce souterrain consternent les sens. Dès que Len-