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CÉSAR.

gionnaires dispersés pour le travail. Ceux-ci saisissent leurs armes, les rejettent dans le bois ; mais, s’étant engagés dans des fourrés, ils perdirent beaucoup de monde.

Les jours suivants, César fit abattre la forêt, et, afin que les travailleurs ne pussent être surpris, il ordonna d’amonceler à mesure tout le bois coupé pour en former un rempart sur les deux flancs. Déjà les Romains atteignaient les troupeaux des Belges et leurs derniers bagages, déjà l’ennemi gagnait des bois plus épais, lorsque des pluies continuelles survinrent. César se vit contraint d’interrompre cet immense abattage, et bientôt il ne fut plus possible de tenir le soldat sous la tente.

Après avoir ravagé tout le pays et brûlé les bourgades et les habitations, César ramena son armée en quartier d’hiver sur les terres des Lexoves, des Aulerques (le Maine et le Perche) et des autres peuples qui s’étaient récemment soulevés, et il partit pour l’Italie.

À peine les légions romaines furent-elles rentrées dans leurs cantonnements, que les Germains débordèrent sur la Belgique. Deux grandes tribus teutoniques, harcelées au nord par les incursions des Suèves, comme les Helvètes l’avaient été au midi, venaient de passer dans la Gaule, envahissant les terres que possédaient les Ménapes au delà du Rhin, franchissant ce fleuve et se répandant dans toute la contrée entre le Rhin et la Meuse, depuis l’île des Bataves jusqu’aux frontières des Éburons (Liégeois). Ces tribus formaient une masse de plus de quatre cent mille têtes. « La Gaule opprimée, dit M. Henri Martin, projeta de recourir à ces barbares contre César, comme elle avait recouru à César contre Arioviste. La Gaule ne se faisait plus son destin à elle-même : c’était entre les Romains et les Germains que se débattait désormais son sort. »

Avant qu’aucune nation gauloise eût encore remué, César sentit que sa présence était indispensable. S’arrachant