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CÉSAR.

l’avantage ; « d’autant plus, dit César, que l’action se passait à la vue du général et de toute l’armée qui couvrait les falaises et les dunes qui dominent la mer, en sorte qu’aucun trait de courage ne pouvait rester ignoré. »

Les Venètes, après avoir perdu quelques vaisseaux, voulurent fuir, mais il survint tout à coup un calme plat qui les rendit immobiles. Les Romains les prirent un à un, les brûlèrent ou les coulèrent bas, et il n’y en eut que fort peu qui purent gagner la terre à la faveur de la nuit.

Cette bataille termina la guerre des Venètes et des États maritimes de l’ouest ; toute la jeunesse, toute l’élite de ces nations avaient péri avec la flotte. Ceux qui survivaient, ne pouvant ni fuir ni résister à un double siége, se rendirent à César ; mais ils ne trouvèrent qu’un vainqueur cruel et sans pitié. Le sénat expira dans les supplices, et le reste de la population, vendu à l’enchère, fut réduit en esclavage, comme les Aduatiques.

Pendant ce temps, un des lieutenants de César, Titurius Sabinus, avait soumis l’Armorique du Nord (la basse Normandie). Un autre, le jeune Crassus, conquit l’Aquitaine, quoique ces peuples eussent appelé d’Espagne, pour les commander, les vieux compagnons de Sertorius.

Il ne restait plus dans toute la Gaule que deux peuples en armes contre l’armée romaine, les Morins (Boulonnais, Calaisis, Saint-Omer) et les Ménapes (Gueldres, Hainaut). Quoique l’hiver fût près de commencer, César marcha contre eux. Ces deux peuples, voyant tant de nations qui avaient essayé de la guerre régulière vaincues et domptées, adoptèrent un autre système de défense : ils se retirèrent avec leurs provisions et leurs biens dans leurs forêts entrecoupées de marais. Arrivé au commencement des bois sans avoir vu les ennemis, César ordonne à ses troupes de se retrancher, quand les Morins et les Ménapes sortent tout à coup de toutes les parties de la forêt et tombent sur les lé-