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CÉSAR.

par leur jeunesse, il fondit sur eux et les massacra tous, hommes, femmes et enfants ; et les Romains, sans perte d’un seul homme, rentrèrent dans leur camp, ayant ainsi terminé en quelques heures une guerre qui leur avait causé d’abord tant d’inquiétude.

« Aucune bataille n’avait coûté moins de sang à César, mais aucune ne lui rapporta moins de gloire, dit justement M. Amédée Thierry. Les circonstances qui l’avaient précédée, les circonstances qui l’accompagnèrent présentaient un côté peu honorable pour sa loyauté. Cet homme, vengeur si scrupuleux du droit des gens lorsqu’il intéressait lui et les siens, qui avait fait torturer tout un sénat, vendu à l’encan toute une nation, parce qu’en retenant quelques agents et espions romains cette nation avait cru pouvoir recouvrer des otages qu’on lui avait enlevés contre toute justice, ce même homme dressait un guet-apens à des ambassadeurs et accordait des trêves pour les violer ; ce Romain, dont la clémence faisait tant de bruit parmi les siens, traitait des troupeaux de femmes et d’enfants fugitifs avec plus de rigueur qu’on ne traite des soldats vaincus dans une guerre sans quartier. Ces accusations couraient de bouche en bouche dans la Gaule et se mêlaient aux regrets d’une occasion échappée et d’une espérance déçue. »

En Italie et jusque dans le sénat de Rome, des âmes honnêtes ressentirent une indignation non moins vive et osèrent l’exprimer, lorsque, après la lecture des dépêches de César, les sénateurs votèrent que des actions de grâces seraient adressées aux dieux en reconnaissance de cette victoire :

« Des actions de grâces ! s’écria Caton ; votez plutôt des expiations ! suppliez les dieux de ne pas faire peser sur nos armées le crime d’un général coupable. Livrez, livrez César aux Germains, afin que l’étranger sache que