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CÉSAR.

Rome ne commande point le parjure et qu’elle en repousse le fruit avec horreur ! »

Pour inspirer plus de terreur aux Germains, César alla chercher ces terribles Suèves près desquels aucune nation n’osait habiter. En dix jours il jeta un pont sur le Rhin, non loin de Cologne, malgré la largeur et l’impétuosité du fleuve, et répandit l’épouvante parmi les nations germaniques les plus voisines. Mais, comme l’été touchait a sa fin et qu’il était trop tard pour commencer une campagne en Germanie, il repassa en Gaule. Il avait une vengeance a tirer des habitants de l’île de Bretagne qui, l’année précédente, avaient fourni des secours aux Venètes. Il fit rassembler par ses lieutenants la flotte construite dans la guerre contre l’Armorique, se rendit lui-même, avec deux légions et quelque cavalerie, sur la pointe de la côte des Morins (Pas-de-Calais), où il savait que le détroit de Bretagne était le moins large et le moins dangereux.

Avant de s’embarquer, César appela près de lui les voyageurs et les trafiquants qui pouvaient lui donner quelque lumière sur l’étendue de l’île de Bretagne, sur les peuples qui l’habitaient, sur les ports capables de recevoir de grands vaisseaux. Il n’en put tirer rien de satisfaisant, soit qu’ils se refusassent à donner a un conquérant étranger des renseignements sur l’île sucrée, soit, comme il le dit lui-même, que les Gaulois qu’il consultait n’eussent pas pénétré dans l’intérieur et qu’ils n’en connussent que les côtes et les contrées en face de la Gaule. César prit le parti d’envoyer un de ses officiers explorer la côte.

La malveillance des Gaulois faillit être funeste à César dans cette expédition. Les hauts navires qui transportaient ses troupes, tirant beaucoup d’eau, ne purent approcher assez du rivage. Il fallut que ses soldats se précipitassent dans une mer profonde, les mains embarrassées et chargés de leur pesante armure, et que, plongés dans l’eau