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CÉSAR.

César n’était pas assez sur de la Gaule pour hiverner outre mer. Pressentant un soulèvement sur le continent il se hâta d’accepter les ouvertures de paix du roi breton, exigea des otages, fixa le tribut annuel que la Bretagne payerait au peuple romain, et se rembarqua au mois de septembre.

La domination romaine n’était point établie en Bretagne par une expédition où César avait déployé un appareil de forces si imposant. Rome n’en retira d’autre avantage que quelques prisonniers et une grande quantité de perles de peu de valeur qu’on recueillait sur les côtes. Quant au tribut annuel imposé au roi Caswallawn, il ne fut point payé, et le proconsul n’y comptait guère. « César, dit Velléius Paterculus, mit le pied deux fois en Bretagne, et il en rapporta l’honneur d’y avoir deux fois combattu. »

À son arrivée, il trouva la Gaule tranquille. Elle ne présentait du moins aucune résistance, aucune agitation apparente ; mais la haine de Rome fermentait dans tous les cœurs, et les anciens alliés de César étaient devenus ses ennemis les plus implacables. Le ressentiment de l’indépendance perdue faisait chaque jour des progrès plus rapides, parce que chaque jour aussi cette domination devenait plus oppressive. La nécessité d’acheter Rome aux dépens des Gaules, d’assouvir tant d’amis qui lui avaient fait continuer le commandement pour cinq années, avait poussé le conquérant aux mesures les plus violentes. Selon Suétone, il dépouillait les lieux sacrés, mettait les villes au pillage sans qu’elles l’eussent mérité. Pour lever les tributs et les subsides, les Romains s’immisçaient dans les affaires les plus intimes des cités ; ils déposaient les magistrats légalement élus, sous prétexte qu’ils étaient suspects ; ils en nommaient d’autres et bouleversaient les constitutions locales.

« C’étaient surtout les gouvernements populaires, dit