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CÉSAR.

César, attendant que la saison devînt favorable pour le départ, commanda aux cités gauloises de lui fournir quatre mille hommes de cavalerie, qu’il se proposait d’embarquer avec cinq de ses légions. Puis, ayant sous sa main les principaux personnages de la Gaule entière, qu’il avait convoqués pour la session annuelle des états, il voulut les emmener avec lui outre mer, et s’assurer ainsi de la tranquillité de la Gaule en son absence. Une inquiétude sourde régnait partout, et l’invasion de la Bretagne, l’île sainte des druides, blessait profondément le sentiment national. L’Édue Dumnorix déclara que la religion lui défendait de suivre César, il essaya de s’enfuir ; mais le proconsul, qui connaissait son génie remuant, le fit poursuivre avec ordre de le ramener mort ou vif. Il fut tué en se défendant. Son assassinat augmenta l’émotion dans toute la Gaule, comme un attentat des Romains au droit des gens, car personnellement Dumnorix inspirait peu d’intérêt : il passait pour un des premiers instigateurs de l’entrée de César dans les Gaules et pour l’un des hommes qui avaient été le plus funestes à l’indépendance de leur patrie.

Les autres Gaulois partirent avec la flotte romaine, qui prit terre sans que les Bretons résistassent. César se disposait à pénétrer dans l’intérieur de l’île, lorsque des cavaliers arrivèrent à toute bride lui annoncer qu’une violente tempête avait brisé et jeté à la côte presque tous les navires de sa flotte.

Ses bâtiments mis à terre et renfermés dans le camp retranché, César continua son entreprise. Les rivalités locales vinrent à son secours en Bretagne comme en Gaule, et les Romains ne se retirèrent qu’après avoir mis en fuite les Bretons, assiégé le roi Caswallawn au nord de la Tamise, dans l’enceinte où il avait rassemblé ses bestiaux et réuni des milliers d’essédaires montés sur de rapides et pesants chars de guerre.