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CÉSAR.

Gaule. La disette obligeant César à disperser ses troupes pour les cantonnements d’hiver, l’insurrection éclata partout : les légions étaient massacrées et les Romains chassés de la Gaule, si les Carnutes, exaspérés par la tyrannie de Tasget, créature du proconsul, avaient eu la patience d’attendre que César eût repassé les Alpes pour aller en Italie.

À la nouvelle de leur soulèvement, Ambiorix crut la Gaule en feu ; il appela les Belges aux armes, et, par de faux semblants, il attira hors de leur camp les lieutenants de César qui avaient pris leurs quartiers d’hiver chez les Éburons (Liégeois), égorgea en trahison Sabinus, et fondit avec fureur sur le reste de la division romaine, qu’il surprit dans un défilé. Dix mille légionnaires périrent, massacrés par les Éburons.

Ambiorix eut bientôt soulevé les débris des Aduatiques et des Nerviens, il vint assiéger dans ses retranchements une autre légion cantonnée sur le territoire nervien (dans le Hainaut) et commandée par Quintus Cicéron, le frère de l’orateur.

César se trouvait à Samarobrive (Amiens ou peut-être Saint-Quentin). Il n’avait aucune nouvelle du désastre de Sabinus et de Cotta, qui avait eu lieu depuis douze jours ; il ignorait le siége que soutenait Cicéron depuis une semaine, lorsqu’un message lui parvint.

À la lecture de la dépêche, il fut saisi d’une violente douleur ; il ne sentait que trop, dans cette interruption rigoureuse de ses communications, l’accord effrayant de toutes les nations du Nord contre les Romains. Il jura de ne plus couper ni sa barbe ni ses cheveux que le meurtre de ses deux lieutenants ni le désastre de leur armée ne fussent pleinement vengés. Avec une seule légion, il partit au secours de Cicéron. Ambiorix leva le blocus pour venir l’accabler d’une armée de soixante mille combattants. La