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CÉSAR.

passa de bourg en bourg, de ville en ville, avec une telle rapidité, qu’elle arriva avant la fin de la première veille (neuf heures du soir) chez les Arvernes, à plus de cent soixante milles de Genabum.

Il y avait alors dans cette nation un jeune chef plus redoutable encore, dit un ancien, par son génie que par la force de son corps et sa valeur guerrière. Son nom même inspirait la terreur. Il s’appelait Vercingétorix, c’est-à-dire le grand chef des cent têtes. Son père, Celtill, noble arverne, avait expié sur le bûcher son ambition de royauté et son crime contre sa patrie. Vercingétorix eût pu se faire roi par l’appui de l’étranger, comme Tasget et Cavarin ; César n’avait rien négligé pour se l’attacher, il lui donnait le nom d’ami. Mais le fils de Celtill ne répondit à ces avances qu’en effaçant, par l’ardeur de son patriotisme, la défiance imprimée sur son nom par les souvenirs. Retiré dans les montagnes de l’Arvernie, il travaillait à réveiller le parti de l’indépendance nationale, lorsqu’il reçut la nouvelle des événements de Genabum. Quoique la nuit fût déjà avancée, il arme sa tribu, descend de la montagne, et, dès le point du jour, entre dans Gergovie, appelant la ville à la guerre contre les Romains.

Aux acclamations unanimes du peuple, il est investi du souverain commandement militaire. Les cités de la Gaule centrale et tous les peuples armoricains répondent à son appel et lui défèrent la conduite de la guerre. Avec une activité digne de César, il fixe les contingents à fournir par chaque cité et rassemble une magnifique cavalerie. La terreur des supplices fait marcher ceux qui hésitent ou balancent. On brûlait vif les traîtres, on mutilait les réfractaires et on les renvoyait dans leurs foyers pour servir d’exemple aux lâches et aux indifférents.

Le plan de Vercingétorix était d’attaquer simultanément au midi la province narbonnaise, et au nord les légions de