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CÉSAR.

César repassa en Italie, où de grandes agitations politiques réclamaient sa présence.

L’anarchie régnait dans Rome et suspendait la nomination des consuls. Clodius venait d’être assassiné par Milon, dévoué à Pompée. Les deux rivaux et les deux factions étaient en présence.

Ces nouvelles, arrivées au delà des Alpes, soulevèrent les Gaulois ; ils espérèrent que la guerre civile retiendrait César et qu’il ne pourrait se rendre a l’armée. Des conciliabules se formaient de tous côtés ; ils se tenaient au fond des bois, dans les lieux déserts. La accouraient les personnages notables de presque toutes les cités. Une vaste conjuration de tout le territoire préparait le plus terrible effort de la Gaule pour reconquérir son indépendance.

Les Carnutes prirent l’initiative de l’insurrection. Mais, en s’exposant les premiers, ils exigèrent que les confédérés s’engageassent à les soutenir. Comme on ne pouvait s’entre-donner des otages, de peur d’éveiller l’attention des marchands et des autres agents romains, il fut convenu que les députés des cités gauloises prêteraient sur les étendards le serment de fidélité à la ligue de délivrance. Au fond de quelque vieille forêt, dans un lieu consacré aux mystères du culte druidique, furent réunis furtivement les drapeaux des cités gauloises, et sur ce faisceau sacré chaque député vint prononcer à son tour l’engagement solennel de haine aux Romains, de dévouement à l’indépendance de la Gaule.

Au jour fixé pour l’insurrection, des milliers de paysans carnutes se jettent sur Genabum (Orléans), devenu, depuis l’invasion, l’entrepôt du commerce romain en Gaule. Les habitants gaulois secondent l’attaque, massacrent les marchands étrangers et pillent leurs maisons. L’intendant des vivres, Fusius Cotta, est jeté dans la Loire.

La nouvelle, criée dans les champs à travers les terres,