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CÉSAR.

Un peu avant minuit, au moment où les habitants, redoutant l’assaut qui devait être donné le lendemain, sortaient de la ville et commençaient à traverser la Loire, César met le feu aux portes, lance ses légions dans la ville, massacre la multitude embarrassée sur le pont et dans les rues étroites. Les maisons sont pillées et réduites en cendres ; des (lots de sang punissent le meurtre de Fusius Cotta et des marchands romains, et ce qui échappe au carnage est traîné comme esclave à la suite de l’armée.

Vercingétorix, qui cherchait a contraindre les Édues et les Boies (Bourbonnais) à quitter l’alliance romaine, fut obligé de suspendre ses projets pour secourir Noviodunum (Nevers), assiégée par César. C’était la seconde fois que son armée le forçait de renoncer à ses plans. En effet, comme le fait remarquer un historien, parmi tant de peuples divers habitués jusqu’ici à voir leurs intérêts séparés, la préoccupation des souffrances particulières entravait inévitablement les mesures de salut public. À la pensée de leurs enfants captifs, de leurs femmes outragées, de leurs maisons incendiées, le Sénon, le Carnute, le Biturige, frémissaient de rage et demandaient à grands cris à leur général qu’on les ramenât combattre pour défendre leurs familles.

Les Gaulois accourent, et c’est pour voir la prise de Noviodunum.

Alors Vercingétorix comprit qu’il fallait renoncer à une guerre méthodique, où ses bandes intrépides, mais mal rompues à la discipline et a l’unité du commandement, auraient toujours le dessous contre les légions de César. Il assemble son conseil et leur déclare qu’on doit adopter un plan de campagne tout différent de celui qu’on avait suivi jusque-là, qu’il faut affamer l’ennemi, intercepter les vivres aux hommes, les fourrages aux chevaux. « Le salut commun, ajoute-t-il, exige des sacrifices particuliers. Nous devons nous résoudre à brûler toutes nos habitations iso-