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CÉSAR.

quatre-vingt mille hommes qui périraient avec lui. » Il ajouta qu’il avait des vivres pour trente jours, qu’à la rigueur même il pourrait les faire durer un peu plus.

Puis, à la seconde veille, il les fait évader par l’intervalle que laissaient encore les ouvrages romains. Il se retire dans la ville avec son infanterie, se fait apporter tout le blé qui s’y trouvait, prononce la peine de mort contre quiconque le recèlerait, et distribue par tête le bétail que les habitants avaient fait rentrer en grande quantité Ainsi il attend les secours de la Gaule ou les horreurs de la famine.

Les paroles de Vercingétorix retentirent comme le cri de détresse de la patrie elle-même. Depuis la Garonne jusqu’au Rhin, des Alpes à l’Océan, toutes les nations gauloises armèrent en masse pour la délivrance d’Alésia. « Il n’y eut pas, fait observer un historien, jusqu’aux malheureux débris des Helvètes, des Nerviens (exterminés deux fois), des Venètes, qui ne voulussent prendre part au dernier effort de la liberté : Ambiorix, l’Éburon, parut seul au nom de son peuple égorgé. À cette heure suprême, la Gaule, mutilée, décimée peuple à peuple depuis tant d’années, semblait enfin trouver cette unité nationale dont l’absence avait été si funeste à la Gaule. »

Deux cent quarante mille fantassins et huit mille cavaliers se rassemblèrent sur la frontière éduenne et se mirent en marche vers Alésia. « Ils étaient pleins d’ardeur et de confiance, dit César, car il n’en était pas un qui supposât qu’on pût soutenir le seul aspect d’une pareille armée, surtout dans une double attaque, lorsque les assiégés feraient une sortie et qu’une armée si nombreuse paraîtrait en même temps du côté de la campagne.

Malgré tous leurs efforts, les confédérés laissèrent passer le terme assigné par Vercingétorix, et déjà dans la place la disette devenait extrême. Séparés de toute nouvelle par