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CÉSAR.

suite des confédérés tant que dura le jour, leur tua près de trois mille hommes, et campa le lendemain sous les murs de la place.

Alésia, antique cité, qui passait pour avoir été fondée par les Phéniciens, était bâtie au sommet d’une haute colline, aujourd’hui le mont Auxois, à trois lieues de Semur. Le général gaulois assit son camp sur le versant oriental de la montagne. Sa force en infanterie était de quatre-vingt mille hommes, et il comptait encore dix mille cavaliers échappés au désastre de la bataille et de la retraite.

Une armée si nombreuse sous une place si forte défiant toute attaque de vive force, César n’hésita point à assiéger cette grande armée et conçut le gigantesque projet d’enfermer et la fois la ville et les troupes gauloises dans une circonvallation de quinze milles flanquée de vingt-trois forts. Ces ouvrages étaient prodigieux : c’étaient d’abord trois fossés, chacun de quinze ou vingt pieds de large et d’autant de profondeur, puis un rempart de douze pieds, huit rangs de petits fossés, dont le fond était hérissé de pieux aiguisés par le sommet et couvert de branchage et de feuilles, des palissades de cinq rangs d’arbres entrelaçant leurs branches. Ces ouvrages étaient commencés du côté de la campagne, afin de mettre le camp à l’abri des attaques du dehors. Tout cela fut terminé en moins de cinq semaines et par moins de soixante mille hommes.

Vercingétorix comprit la faute qu’il avait faite en concentrant toutes ses forces en un seul point. Avant que les lignes des assiégeants fussent terminées, il convoqua sa cavalerie au milieu de la nuit, recommanda à chaque cavalier d’aller dans son pays et d’appeler toute la population en âge de combattre. « Il les conjure de pourvoir à sa sûreté, de ne pas l’abandonner au supplice et à la merci de l’ennemi, lui qui s’était dévoué si pleinement pour la cause publique ; c’était sa vie qu’il fallait sauver, c’était la vie de