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CÉSAR.

contenter des calamités qu’ils avaient éprouvées. Leur cavalerie était écrasée, leur infanterie d’élite anéantie. Dans un si grand malheur leur défaite était cependant pour eux un avantage, puisque Corrée n’était plus ; lui seul avait été le moteur de la guerre, le boute-feu de la populace ; car jamais, lui vivant, le sénat n’avait eu autant de pouvoir que l’aveugle multitude. »

César répondit « qu’il était commode sans doute d’accuser les morts des fautes commises ; que nul homme, ayant pour lui seulement une misérable populace, n’était dans le cas de soutenir une guerre, malgré l’opposition des principaux citoyens et du sénat ; qu’au reste, il les regardait comme assez sévèrement châtiés. »

La guerre était donc encore une fois comprimée dans le Nord. Mais la domination romaine inspirait une telle haine qu’on désertait en foule les villes et les campagnes. Des bandes passaient le Rhin, renonçant à une patrie asservie. Pour s’opposer à ces migrations, César répand son armée sur différents points, et lui-même, de sa personne, il va ravager et dévaster le pays des Éburons, comme si sa terrible vengeance ne s’était pas encore assez appesantie sur ce malheureux pays. Désespérant de prendre Ambiorix, qui y était revenu, il crut de son honneur, dit un historien romain, de détruire si bien dans le pays les habitants, le bétail et les maisons, qu’Ambiorix, exécré des siens, si par hasard il en survivait encore, ne pût jamais rester dans sa patrie. César fait parcourir aux légions et aux troupes auxiliaires l’Éburonie dans tous les sens : on pille, on ravage, on égorge. Ambiorix lui échappa encore, mais le nom Éburon fut effacé pour jamais de la liste des nations gauloises.

Pendant ce temps, les Andes et les populations de la basse Loire s’étaient soulevés ; mais, divisés entre eux, ils furent écrasés par Fabius lorsqu’ils passaient la Loire.