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CÉSAR.

cesse changeait de retraite, tomba dans les mains d’un Arverne, grand ami des Romains, qui, sans hésiter, le chargea de chaînes et le conduisit à César.

Labiénus avait battu les Trévires. Leurs chefs étaient dans ses mains, ainsi que l’Éduen Sure, le seul de sa nation qui fût resté en armes contre les Romains. Tous les peuples de la Gaule étaient vaincus et pacifiés.

César voulut visiter l’Aquitaine, où il n’était jamais allé lui-même. Il partit avec deux légions et reçut la soumission de toutes les cités, qui lui envoyèrent des députés et lui remirent des otages. Enfin, lorsqu’il vint établir son quartier d’hiver à Némétocène (Arras), il apprit que le dernier et le plus indomptable des chefs insurgés, Comm l’Atrebate, avait mis bas les armes.

Comm s’était fixé en Germanie, car il n’avait plus de patrie en Gaule ; mais il n’avait pu se résigner à l’exil et était revenu parmi ses anciens sujets pour les soulever encore contre les Romains. Banni par eux, il erra de forêt en forêt, avec une troupe de cavaliers. Cette poignée d’outlaws se trouvait partout à la fois, infestant les chemins, et souvent enlevant des convois pour l’approvisionnement des quartiers.

Marc-Antoine, questeur de César, voulut se défaire à tout prix de Comm l’Atrebate : il envoya à sa chasse un de ses officiers, Volusénus, qui déjà l’avait blessé dans un guet-apens. Longtemps il le poursuivit de forêt en forêt, de plage en plage, l’épiant, l’attaquant, tour à tour battant et battu. Comm tenait prêts quelques navires sur la côte des Morins, afin de passer en Bretagne s’il ne lui restait plus de ressources. Un combat malheureux l’obligea d’y recourir ; le vent était favorable, mais la mer était basse et les navires gisaient à sec sur le rivage. C’en était fait si Volusénus approchait. Comm ordonna à ses cavaliers de hisser les voiles au haut des mâts. Les Romains, les