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CÉSAR.

pendant le consulat de César ? Pourquoi, l’année suivante, m’a-t-on abandonné moi même, moi dont les intérêts étaient si fort liés avec les siens ? Pourquoi a-t-on fait continuer à César son gouvernement, et pourquoi par de telles voies ? Pourquoi s’est-on donné tant de mouvement pour faire proposer par tous les corps des tribuns le décret qui le dispensait de venir à Rome pour demander le consulat ? On l’a rendu par la si puissant, que la république n’a plus de ressources que dans un seul citoyen, qui aurait bien mieux fait de s’opposer d’abord à César que de combattre contre lui après l’avoir armé contre nous. Cependant, puisque les choses se trouvent ainsi engagées, je ne demanderai point, pour parler comme vous, où est le vaisseau des Atrides ; je n’en connaîtrai point d’autre que celui de Pompée !

» Mais à présent, lorsqu’il faudra opiner dans le sénat, vous me demandez : « Que direz-vous ? » Ce que je dirai, le voici en deux mots : « Je suis de l’avis de Pompée. » Je ne laisserai pas en particulier de le porter à un accommodement, car il me paraît que ce serait fort hasarder que d’en venir à une guerre civile. Vous autres qui êtes à Rome, vous en pouvez juger mieux que moi ; mais il est certain que nous avons affaire a un homme aussi puissant qu’il est entreprenant et hardi. Il aura pour lui tous les gens condamnés et notés, tous ceux qui méritent de l’être, presque toute notre jeunesse, cette populace qui se plaît dans le trouble, des tribuns qui seront fort puissants, surtout si C. Cassius se joint à eux ; enfin tous les gens accablés de dettes, qui sont en plus grand nombre que je ne pensais. Il ne manque à ce parti qu’une meilleure cause, tout le reste s’y rencontre. Ainsi, il n’y a rien qu’on ne doive tenter plutôt que d’en venir à la guerre ; le succès en est toujours incertain, et il n’est pas même assez incertain, hélas ! dans cette occasion. »