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CÉSAR.

cause et à celle de la république l’Albanie, la Macédoine, la Grèce, l’Asie, la Syrie, l’Égypte, l’Afrique entière, tous les alliés, peuples ou rois, de la république. Ce fut le premier symptôme de cette rupture en deux parts du monde romain qui fit depuis une Rome d’Orient et une Rome d’Occident. Pompée donna l’idée à Constantin ; l’usurpation de César avait désorienté le monde.

Neuf légions de vétérans, rappelées par Pompée de toutes les colonies d’Europe, d’Asie et d’Afrique, où il les avait réparties après ses campagnes contre Mithridate, formaient le noyau de l’armée républicaine. Sept mille hommes de cavalerie grecque et une nombreuse cavalerie romaine, composée de la fleur de la jeunesse patricienne de Rome, complétaient ses légions ; cinq cents galères armées étaient a l’ancre dans les anses de la mer Adriatique en vue de son camp ; ces galères devaient fermer le continent aux débarquements de César.

Pompée, ainsi adossé aux montagnes de la Grèce, inabordable par les défilés faciles à défendre de l’Albanie, secouru de subsides, de vivres, d’auxiliaires étrangers, par les rois alliés de Rome et qui voyaient en lui Rome elle-même, entouré d’une armée de terre de cent vingt mille hommes, éclairé sur la mer par une flotte de quarante mille, paraissait invincible à tout autre qu’à César. Il se comparaît lui-même, dans cette situation à la fois continentale et maritime, à un Thémistocle romain attendant les Perses sur terre et sur mer dans le golfe de Salamine et commençant par les disperser sur les flots avant de les achever sur le rivage. « Le plan de notre général est thémistocléen, » disaient ses amis à Rome.

Son quartier général était Dyrrachium, ville fortifiée de la côte, Rome en abrégé avec son sénat, ses consuls, son patriciat, son dictateur ; Caton et Brutus y étaient avec tous les grands hommes de bien de Rome. Cicéron, hon-