Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 34.djvu/336

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
335
CÉSAR.

de voir la César : « Marche, mon ami, lui dit-il, ose tout » et ne crains rien, tu mènes César et sa fortune. » À ce mot, les matelots oublient l’hiver et ses tourmentes, et, ramant avec un merveilleux courage, ils s’efforcent de surmonter la violence des vagues. Mais l’embouchure ne pouvant être franchie par aucun effort, César, qui voyait sa barque faire eau de tous côtés et prête à couler à fond, permit au pilote, quoique avec peine, de retourner en arrière.

» Quand il eut regagné son camp, ses soldats vinrent en foule au-devant de lui, se plaignant hautement et lui témoignant leur douleur de ce qu’il ne s’assurait pas de vaincre avec eux seuls, et que, plein de chagrin et d’inquiétude, il exposait sa personne aux plus grands dangers pour aller chercher les absents, comme se défiant de ceux qu’il avait avec lui. »

Antoine trompa enfin, à la faveur de cette tempête, la surveillance de Bibulus, dont les vaisseaux avaient été dispersés par le vent. L’armée entière fut débarquée à Apollonie.

L’arrivée de ces troupes força César à livrer une première bataille dans une position mal choisie, où son armée échoua contre les fortifications de Pompée. Il ne rallia ses soldats en déroule qu’à force d’intrépidité personnelle. Ayant saisi de sa propre main un de ces colosses gaulois pour lui faire honte de sa fuite et pour le forcer à faire face à l’ennemi, le soldat, éperdu, tourna son épée sur la poitrine de son général et il allait le tuer, quand un écuyer de César abattit d’un coup le bras du soldat. Heureusement pour César, l’indolent Pompée n’acheva pas sa victoire. César s’écria, en rentrant dans son camp retranché d’Apollonie : « Aujourd’hui la victoire était à nos ennemis s’ils avaient eu un homme qui sût vaincre. »

Mais Pompée espérait vaincre sans combat : la faim