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CÉSAR.

Il quittait l’Égypte après y avoir perdu dix mois pour sa gloire. Il avait mérité dix fois d’y perdre l’empire. Il fallait que Rome fût bien dépourvue de patriotes et que l’ombre de César fût bien présente aux provinces et aux armées pour que l’Italie, les provinces, les armées, attendissent, immobiles, pendant un an, qu’il plût à César de sortir des festins et du lit de Cléopatre. Mais César avait bien jugé son temps, en le croyant soumis aux caprices d’un débauché et d’une courtisane.

Avant de rentrer en Italie, il marche à travers la Syrie vers le royaume de Pont, contre Pharnace, fils parricide du grand Mithridate, qui recommençait la guerre contre les Romains. « Heureux Pompée, s’écria-t-il après une facile victoire en Asie, de n’avoir eu à triompher que de tels ennemis ! » Les campagnes contre les Asiatiques amollis lui semblaient des jeux après ses campagnes contre les barbares, mais belliqueux Gaulois.

De Rome il repart avec une autre armée pour anéantir en Afrique les débris de l’armée de Pharsale, reconstituée sous Métellus. Scipion, Caton, Labiénus, le premier des généraux après César, y commandaient quatorze légions et la cavalerie numide du pays. Un chef manquait seul à cette dernière armée des républicains pour lui donner l’espérance, ce mobile du courage. La rivalité et la médiocrité de tous ces chefs, l’indiscipline et l’infidélité des Numides, l’orgueil du roi Juba, sur le territoire duquel ils empiétaient, et qui prétendait les traiter en auxiliaires et non en maîtres, condamnaient cette armée à une défaite.

César l’affronta, comme il avait affronté l’Italie, Pharsale, Alexandrie, avec une poignée d’hommes et avec sa garde de Gaulois, véritables béliers vivants, sous les coups desquels il enfonçait tous les obstacles.

Le matin de la bataille, saisi d’un accès d’épilepsie, sa maladie fatale, il se contenta de donner pour mot de recon-