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CICÉRON.

comme le sauveur de Rome et de l’empire ; qui donnait et qui ravissait des royaumes ; qui distribuait l’univers au gré de ses caprices ; qui remplissait le Forum de meurtres et de sang ; qui coutraignit par la violence et les armes le plus grand des Romains à se renfermer dans sa maison ; qui ne connut jamais de frein ni dans le crime ni dans la débauche ; qui brûla le temple des Nymphes, afin d’anéantir les registres publics et de ne laisser aucune trace du dénombrement. Oui, Romains, celui que j’ai tué ne respectait plus ni les lois, ni les titres, ni les propriétés ; il s’emparait des possessions, non plus par des procès injustes et par des arrêts surpris à la religion des juges, mais par la force marchant avec des soldats, enseignes déployées ; à la tête de ses troupes, il essaya de chasser de leurs biens, je ne dirai pas les Étrusques. objets de ses mépris, mais Q. Varius lui-même, ce citoyen respectable, assis parmi nos juges. Il parcourait les campagnes et les jardins, suivi d’architectes et d’arpenteurs ; dans l’ivresse de ses espérances, il n’assignait d’autres bornes à ses domaines que le Janicule et les Alpes. T. Pacuvius, chevalier romain, avait refusé de lui vendre une île sur le lac Prélius : aussitôt il y fit transporter des matériaux et des instruments, et, sous les yeux du propriétaire, qui le regardait de l’autre bord, il éleva un édifice sur un terrain qui n’était pas à lui. Une femme, un enfant, n’ont pas trouvé grâce à ses yeux ; Aponius et Scantia furent menacés de la mort s’ils ne lui abandonnaient leurs jardins. Que dis-je, il osa déclarer à T. Furfanius, oui à Furfanius, que s’il ne lui donnait tout l’argent qu’il lui avait demandé, il porterait un cadavre dans sa maison, afin de jeter sur cet homme respectable tout l’odieux d’un assassinat… »

« Et ne dites donc pas qu’emporte par la haine je déclame avec plus de passion que de vérité contre un homme