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troisième époque.

De la grotte, 16 décembre 1793.

La nuit, quand par hasard je m’éveille, et je pense
Que dehors et dedans tout est calme et silence,
Et qu’oubliant Laurence auprès de moi dormant,
Mon cœur mal éveillé se croit seul un moment ;
Si j’entends tout à coup son souffle qui s’exhale,
Régulier, de son sein sortir à brise égale
(Ce souffle harmonieux d’un enfant endormi),
Sur un coude appuyé je me lève à demi,
Comme au chevet d’un fils une mère qui veille ;
Cette haleine de paix rassure mon oreille ;
Je bénis Dieu tout bas de m’avoir accordé
Cet ange que je garde et dont je suis gardé ;
Je sens, aux voluptés dont ces heures sont pleines,
Que mon âme respire et vit dans deux haleines.
Quelle musique aurait pour moi de tels accords ?
Je l’écoute longtemps dormir, et me rendors.