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notes.

Que ton règne éternel, qui tous les jours se lève,
Avec l’œuvre sans fin recommence et s’achève !
Que par l’amour divin, chaîne de ta bonté,
Toute volonté veuille avec ta volonté !
Donne à l’homme d’un jour, que ton sein fait éclore,
Ce qu’il lui faut de pain pour vivre son aurore.
Remets-nous le tribut que nous aurons remis
Nous-même, en pardonnant à tous nos ennemis.
De peur que sur l’esprit l’argile ne l’emporte,
Ne nous éprouve pas d’une épreuve trop forte.
Mais toi-même, prêtant ta force à nos combats,
Fais triompher du mal tes enfants d’ici-bas !




NOTE DIXIÈME

(NEUVIÈME ÉPOQUE. — Page 379.)

Quelquefois dès l’aurore, après le sacrifice,
Ma Bible sous mon bras, quand le ciel est propice.....

L’accueil favorable fait au Chant des Laboureurs a dépassé toute espérance. Il a eu en quelque sorte pour les esprits la popularité et la saveur de ce pain dont il célébrait la fécondité et la providence. Qu’il me soit permis de reporter ici son inspiration à Virgile, au maître du champ, comme dit Homère.

L’empereur de la Chine, pour honorer l’agriculture, trace tous les ans un sillon de sa propre main. Le champ consacré par le soc impérial ne reste pourtant pas en friche ; la charrue du laboureur s’y promène, et y ouvre dès le lendemain d’autres sillons ; mais elle s’écarte du sillon sacré, et fait autour de lui un large vide dans la plaine, pour qu’il soit salué de tous et qu’il porte à part sa gerbe de majesté et de bénédiction. De même tous les poëtes qui remuent cette poésie du champ fécondé par Virgile doivent lui offrir les prémices de leur moisson, et faire dans leur poëme une place d’honneur à l’immortel sillon des Géorgiques.

« Le printemps revenu, quand les neiges commençant à fondre coulent du sommet des montagnes, quand la glèbe amollie cède à la douce haleine des zéphyrs, il faut que tes taureaux commencent à gémir affaissés sous le joug, et que le soc de ta charrue