Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/11

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en ennemis ; mais rien dans leur conduite, pendant plusieurs jours qu’ils restèrent avec nous, ne dénota une mauvaise intention de leur part. Domptés par la terreur du nom d’Ibrahim, dont ils croyaient voir en nous les émissaires, ils nous donnèrent tout ce que leur pays peut offrir, le désert libre, l’eau de leurs fontaines, et un peu d’orge et de doura pour nourrir nos chevaux. Je remerciai le scheik et ses amis de l’escorte qu’ils venaient nous offrir ; ils se joignirent à notre troupe, et, courant çà et là sur nos flancs à travers les monticules de sable, ils paraissaient et disparaissaient avec la rapidité du vent. Je remarquai là un cheval admirable de forme et de vitesse, monté par le frère du scheik, et je chargeai mon drogman de me l’acheter à tout prix. Mais comme de pareilles offres ne peuvent se faire directement sans une espèce d’outrage à la délicatesse du propriétaire du cheval, il fallut plusieurs jours de négociations pour me rendre possesseur de ce bel animal, que je destinais à ma fille et que je lui donnai en effet.