Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/162

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le toit d’un santon : ce doit être du temps de Fakar-el-Din. — Les matériaux sont beaux ; il y a encore, dans ce travail de la corniche et de la voûte, la trace de quelques sentiments de l’art ; mais ces matériaux sont évidemment des fragments de ruines, rajustés par une main plus faible et par un goût déjà corrompu. Ce temple est à un quart d’heure de marche de Balbek.

Impatients de voir ce que l’antiquité la plus reculée nous a laissé de beau, de grand, de mystérieux, nous pressions le pas de nos chevaux fatigués, dont les pieds commençaient à heurter çà et là les blocs de marbre, les tronçons de colonnes, les chapiteaux renversés ; toutes les murailles d’enceinte des champs qui avoisinent Balbek sont construites de ces débris : nos antiquaires trouveraient une énigme à chaque pierre. Quelque culture commençait à reparaître, et de larges noyers, les premiers que j’eusse revus en Syrie, s’élevaient entre Balbek et nous, et poussaient jusque entre les ruines des temples, que leurs rameaux nous cachaient encore. Ils parurent enfin : ce n’est pas, à proprement parler, un temple, un édifice, une ruine ; c’est une colline d’architecture qui sort tout à coup de la plaine, à quelque distance des collines véritables de l’Anti-Liban. On se traîne parmi les décombres, dans le village arabe ruiné qu’on appelle Balbek. Nous longeâmes un des côtés de cette colline de ruines, sur laquelle une forêt de gracieuses colonnes s’élevait, dorée par le soleil couchant, et jetait à l’œil les teintes jaunes et mates du marbre du Parthénon ou du travertin du Colisée à Rome. Parmi ces colonnes, quelques-unes, en file élégante et prolongée, portent encore leurs chapiteaux intacts, leurs corniches richement sculptées, et