Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/163

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bordent les murs de marbre qui servent à enclore les sanctuaires ; quelques autres sont couchées entières contre ces murs qui les soutiennent, comme un arbre dont la racine a manqué, mais dont le tronc est encore sain et vigoureux ; d’autres, en plus grand nombre, sont répandues çà et là, en immenses morceaux de marbre ou de pierre, sur les pentes de la colline, dans les fossés profonds qui l’entourent, et jusque dans le lit de la rivière qui coule à ses pieds. Au sommet du plateau de la montagne de pierre, six colonnes d’une taille plus gigantesque s’élèvent isolées, non loin d’un temple inférieur, et portent encore leurs corniches colossales. Nous verrons plus tard ce qu’elles témoignent, dans cet isolement des autres édifices. En continuant à longer le pied des monuments, les colonnes et l’architecture finissent, et vous ne voyez plus que des murs gigantesques, bâtis de pierres énormes, et presque toutes portant les traces de la sculpture ; débris d’une autre époque, dont on s’est servi à l’époque reculée où l’on a élevé les temples à présent ruinés.

Nous n’allâmes pas plus loin ce jour-là ; le chemin s’écartait des ruines, et nous conduisait, parmi des ruines encore et sur des voûtes retentissantes du pas de nos chevaux, vers une maisonnette construite parmi les décombres : c’était le palais de l’évêque de Balbek, qui, revêtu de sa pelisse violette, et entouré de quelques paysans arabes, vint au-devant de nous et nous conduisit à son humble porte. La moindre chaumière de paysan de Bourgogne ou d’Auvergne a plus de luxe et d’élégance que le palais de l’évêque de Balbek : une masure sans fenêtres ni porte, mal jointe, et dont le toit, écroulé en partie, laisse ruisseler la pluie sur un pavé de