Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/169

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Arrivés au sommet de la brèche, nos yeux ne savaient où se poser : c’était partout des portes de marbre, d’une hauteur et d’une largeur prodigieuses ; des fenêtres ou des niches bordées de sculptures les plus admirables, des cintres revêtus d’ornements exquis ; des morceaux de corniches, d’entablements ou de chapiteaux, épars comme la poussière sous nos pieds ; des voûtes à caissons sur nos têtes ; tout mystère, confusion, désordre, chef-d’œuvre de l’art, débris du temps, inexplicables merveilles autour de nous. À peine avions-nous jeté un coup d’œil d’admiration d’un côté, qu’une merveille nouvelle nous attirait de l’autre : chaque interprétation de la forme ou du sens religieux des monuments était détruite par une autre. Dans ce labyrinthe de conjectures, nous nous perdions inutilement : on ne peut reconstruire avec la pensée les édifices sacrés d’un temps ou d’un peuple dont on ne connaît à fond ni la religion ni les mœurs. Le temps emporte ses secrets avec lui, et laisse ses énigmes à la science humaine, pour la jouer et la tromper. Nous renonçâmes promptement à bâtir aucun système sur l’ensemble de ces ruines ; nous nous résignâmes à regarder et à admirer, sans comprendre autre chose que la puissance colossale du génie de l’homme et la force de l’idée religieuse, qui avaient pu remuer de telles masses et accomplir tant de chefs-d’œuvre.

Nous étions séparés encore de la seconde scène des ruines par des constructions intérieures qui nous dérobaient la vue des temples. Nous n’étions, selon toute apparence, que dans les logements des prêtres, ou sur le terrain de quelques chapelles particulières, consacrées à des usages inconnus. Nous franchîmes ces constructions monumentales,