Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/170

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beaucoup plus riches que les murs d’enceinte, et la seconde scène des ruines fut sous nos yeux. Beaucoup plus large, beaucoup plus longue, beaucoup plus décorée encore que la première d’où nous sortions, elle offrait à nos regards une immense plate-forme en carré long, dont le niveau était souvent interrompu par des restes de pavés plus élevés, et qui semblaient avoir appartenu à des temples tout entiers détruits, ou à des temples sans toits, sur lesquels le soleil, adoré à Balbek, pouvait voir son autel. Tout autour de cette plate-forme règne une série de chapelles décorées de niches, admirablement sculptées ; de frises, de corniches, de caissons, du travail le plus achevé, mais du travail d’une époque déjà corrompue des arts : on y sent l’empreinte des goûts, surchargés d’ornements, des époques de décadence des Grecs et des Romains. Mais pour éprouver cette impression, il faut avoir déjà l’œil exercé par la contemplation des monuments purs d’Athènes ou de Rome : tout autre œil serait fasciné par la splendeur des formes et par le fini des ornements. Le seul vice ici, c’est trop de richesse : la pierre est écrasée sous son propre luxe, et les dentelles de marbre courent de toutes parts sur les murailles. Il existe, presque intactes encore, huit ou dix de ces chapelles qui semblent avoir existé toujours ainsi, ouvertes sur le carré long qu’elles entourent, et où les mystères des cultes de Baal étaient sans doute accomplis au grand jour. Je n’essayerai pas de décrire les mille objets d’étonnement et d’admiration que chacun de ces temples, que chacune de ces pierres offrent à l’œil du spectateur. Je ne suis ni sculpteur ni architecte ; j’ignore jusqu’au nom que la pierre affecte dans telle ou telle place, dans telle ou telle forme. Je parlerais mal une langue inconnue ; — mais cette langue universelle que le beau parle