Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/172

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à peine discerner les lignes de jonction ; leur matière est une pierre d’un jaune légèrement doré, qui tient le milieu entre l’éclat du marbre et le mat du travertin. Le soleil les frappait alors d’un seul côté, et nous nous assîmes un moment à leur ombre ; de grands oiseaux, semblables à des aigles, volaient, effrayés du bruit de nos pas, au-dessus de leurs chapiteaux où ils ont leurs nids, et, revenant se poser sur les acanthes des corniches, les frappaient du bec et remuaient leurs ailes, comme des ornements animés de ces restes merveilleux : ces colonnes, que quelques voyageurs ont prises pour les restes d’une avenue de cent quatre pieds de long et de cinquante-six pieds de large, conduisant autrefois à un temple, me paraissent évidemment avoir été la décoration extérieure du même temple. En examinant d’un œil attentif le temple plus petit qui existe dans son entier tout auprès, on reconnaît qu’il a été construit sur le même dessin. Ce qui me paraît probable, c’est qu’après la ruine du premier par un tremblement de terre, on construisit le second sur le même modèle ; qu’on employa même à sa construction une partie des matériaux conservés du premier temple ; qu’on en diminua seulement les proportions, trop gigantesques pour une époque décroissante ; qu’on changea les colonnes brisées par leur chute ; qu’on laissa subsister celles que le temps avait épargnées, comme un souvenir sacré de l’ancien monument : s’il en était autrement, il resterait d’autres débris de grandes colonnes autour des six qui subsistent. Tout indique, au contraire, que l’aire qui les environne était vide et déblayée de débris dès les temps les plus reculés, et qu’un riche parvis servait encore aux cérémonies d’un culte autour d’elles.