Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/174

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monuments ! La porte intérieure du temple, formée de blocs aussi énormes, a vingt-deux pieds de large ; nous ne pûmes mesurer sa hauteur, parce que d’autres blocs sont écroulés en cet endroit, et la comblent à demi. L’aspect des pierres sculptées qui composent les faces de cette porte, et sa disproportion avec les restes de l’édifice, me font présumer que c’est la porte du grand temple écroulé qu’on a insérée dans celui-ci ; les sculptures mystérieuses qui la décorent sont, à mon avis, d’une tout autre époque que l’époque antonine, et d’un travail infiniment moins pur : un aigle, tenant un caducée dans ses serres, étend ses ailes sur l’ouverture ; de son bec s’échappent des festons de rubans ou de chaînes, qui sont soutenus à leur extrémité par deux Renommées. L’intérieur du monument est décoré de piliers et de niches de la sculpture la plus riche et la plus chargée ; nous emportâmes quelques-uns des fragments de sculpture qui parsemaient le parvis. Il y a des niches parfaitement intactes, et qui semblent sortir de l’atelier du sculpteur. Non loin de l’entrée du temple, nous trouvâmes d’immenses ouvertures, et des escaliers souterrains qui nous conduisirent dans des constructions inférieures dont on ne peut assigner l’usage ; tout y est également vaste et magnifique : c’étaient sans doute les demeures des pontifes, les colléges des prêtres, les salles des initiations, peut-être aussi des demeures royales ; elles recevaient le jour d’en haut, ou par les flancs de la plate-forme auxquels ces chambres aboutissent. Craignant de nous égarer dans ces labyrinthes, nous n’en visitâmes qu’une petite partie ; ils semblent régner sur toute l’étendue de ce mamelon. Le temple que je viens de décrire est placé à l’extrémité sud-ouest de la colline monumentale de Balbek ; il forme l’angle même de la plate-forme.