Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/175

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En sortant du péristyle, nous nous trouvâmes sur le bord du précipice ; nous pûmes mesurer les pierres cyclopéennes qui forment le piédestal de ce groupe de monuments : ce piédestal a trente pieds environ au-dessus du niveau du sol de la plaine de Balbek ; il est construit en pierres, dont la dimension est tellement prodigieuse que, si elle n’était attestée par des voyageurs dignes de foi, l’imagination des hommes de nos jours serait écrasée sous l’invraisemblance ; l’imagination des Arabes eux-mêmes, témoins journaliers de ces merveilles, ne les attribue pas à la puissance de l’homme, mais à celle des génies ou puissances surnaturelles.

Quand on considère que ces blocs de granit taillé ont, quelques-uns, jusqu’à cinquante-six pieds de long sur quinze ou seize pieds de large, et une épaisseur inconnue, et que ces masses énormes sont élevées les unes sur les autres à vingt ou trente pieds du sol, qu’elles ont été tirées de carrières éloignées, apportées là, et hissées à une telle élévation pour former le pavé des temples, on recule devant une telle épreuve des forces humaines ; la science de nos jours n’a rien qui l’explique, et l’on ne doit pas être étonné qu’il faille alors recourir au surnaturel. Ces merveilles ne sont évidemment pas de la date des temples ; elles étaient mystère pour les anciens comme pour nous ; elles sont d’une époque inconnue, peut-être antédiluvienne ; elles ont vraisemblablement porté beaucoup de temples consacrés à des cultes successifs et divers. À l’œil simple, on reconnaît cinq ou six générations de monuments, appartenant à des époques diverses, sur la colline des ruines de Balbek.