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la teinte générale de verdure où Damas semble comme engloutie ; à notre gauche, la plaine était plus évasée, et ce n’était qu’à une distance de douze à quinze lieues qu’on retrouvait des cimes de montagnes, blanches de neige, qui brillaient dans le bleu du ciel, comme des nuages sur l’Océan. La ville est entièrement entourée d’une forêt de vergers d’arbres fruitiers, où les vignes s’enlacent comme à Naples, et courent en guirlandes parmi les figuiers, les abricotiers, les poiriers et les cerisiers ; au-dessous de ces arbres, la terre, grasse, fertile et toujours arrosée, est tapissée d’orge, de blé, de maïs, et de toutes les plantes légumineuses que ce sol produit ; de petites maisons blanches percent çà et là la verdure de ces forêts, et servent de demeure au jardinier, ou de lieu de récréation à la famille du propriétaire. Ces jardins sont peuplés de chevaux, de moutons, de chameaux, de tourterelles, de tout ce qui anime les scènes de la nature ; ils sont, en général, de la grandeur d’un ou deux arpents, et séparés les uns des autres par des murs de terre séchée au soleil, ou par de belles haies vives ; une multitude de chemins, ombragés et bordés d’un ruisseau d’eau courante, circulent parmi ces jardins, passent d’un faubourg à l’autre, ou mènent à quelques portes de la ville ; ils forment un rayon de vingt à trente lieues de circonférence autour de Damas.

Nous marchions depuis quelques moments en silence dans ces premiers labyrinthes de vergers, inquiets de ne pas voir venir le guide qui nous était annoncé ; nous fîmes halte : il parut enfin ; c’était un pauvre Arménien, mal vêtu et coiffé d’un turban noir, comme les chrétiens de Damas sont obligés d’en porter ; il s’approcha sans affectation de la