Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/233

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de l’esprit de Dieu, et n’a prêché qu’unité de Dieu et charité envers les hommes. Aboul-Wahiab lui-même ne s’est pas donné pour prophète, mais pour un homme éclairé par la seule raison. La raison, cette fois, a fanatisé les Arabes comme ont fait le mensonge et la superstition. Ils se sont armés en son nom, ils ont conquis la Mecque et Médine, ils ont dépouillé le culte de vénération rendu au Prophète de toute l’adoration qu’on y avait substituée, et cent mille missionnaires armés ont menacé de changer la face de l’Orient. Méhémet-Ali a opposé une barrière momentanée à leurs invasions ; mais le wahabisme subsiste et se propage dans les trois Arabies, et, à la première occasion, ces peuples purificateurs de l’islamisme se répandront jusqu’à Jérusalem, jusqu’à Damas, jusqu’en Égypte. Ainsi, les idées humaines périssent par les armes mêmes qui les ont propagées. Rien n’est impénétrable au jour progressif de la raison, cette révélation graduelle et incessante de l’humanité. Mahomet est parti des mêmes déserts que les Wahabites pour renverser les idoles et établir le culte, sans sacrifices, du Dieu unique et immatériel. Aboul-Wahiab vient à son tour, et, brisant les crédulités populaires, rappelle le mahométisme à la raison pure. Chaque siècle lève un coin du voile qui cache la grande image du Dieu des dieux, éternel, évident dans la nature, et rendant ses oracles dans la conscience.