Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Damas, 3 avril.


Passé la journée à parcourir la ville et les bazars. — Souvenirs de saint Paul présents aux chrétiens de Damas. Ruines de la maison d’où il s’échappa la nuit, dans un panier suspendu. — Damas fut une des premières terres où il sema la parole qui changea le monde. Cette parole y fructifia rapidement. L’Orient est la terre des cultes, des prodiges, des superstitions même. La grande idée qui y travaille les imaginations en tout temps, c’est l’idée religieuse. Tout ce peuple, mœurs et lois, est fondé sur des religions. L’Occident n’a jamais été de même. Pourquoi ? Race moins noble, enfants de barbares qui se sentent encore de leur origine.

Les choses ne sont pas à leur place en Occident. La première des idées humaines n’y vient qu’après les autres. Pays d’or et de fer, de mouvement et de bruit. L’Orient, pays de méditation profonde, d’intuition et d’adoration ! Mais l’Occident marche à pas de géant, et quand la religion et la raison, obscurcies par le moyen âge, s’y seront embrassées dans la vérité, dans la lumière et dans l’amour, l’esprit religieux, le souffle divin y redeviendra l’âme du monde, et enfantera ses prodiges de vertu, de civilisation et de génie. — Ainsi soit-il !