Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/278

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dans leurs rameaux sonores jouait dans mes cheveux, et glaçait sur ma paupière des larmes de douleur et d’adoration.

Remonté à cheval ; marché trois heures sur les plateaux qui dominent les vallées de Kadisha ; descendu à Kanobin, monastère maronite le plus célèbre de tous, dans la vallée des Saints. — Vue du monastère de Deïr-Serkis, abandonné maintenant à un ou deux solitaires. Burckhardt, en 1810, y trouva un vieux ermite toscan qui achevait là ses jours, après avoir été missionnaire dans les Indes, en Égypte et en Perse.

Vue du monastère de Kanobin du haut d’un pic qui s’avance sur la vallée comme un promontoire. Je remets mon cheval aux Arabes, et je me couche au soleil, sur une pointe de rocher d’où l’œil plonge à pic sur l’abîme de la vallée des Saints. Le fleuve Kadisha roule au pied de ce rocher ; son lit n’est qu’une ligne d’écume ; mais je suis si haut, que le bruit ne monte pas jusqu’à moi. Kanobin fut fondé, disent les moines maronites, par Théodose le Grand. Toute la vallée des Saints ressemble à une vaste nef naturelle dont le ciel est le dôme, les crêtes du Liban, les piliers, et les innombrables cellules des ermites creusées dans les flancs du rocher, les chapelles. Ces ermitages sont suspendus sur des précipices qui semblent inabordables. Il y en a, comme des nids d’hirondelles, à toutes les hauteurs des parois de la vallée. Les uns ne sont qu’une grotte creusée dans la pierre, les autres, de petites maisonnettes bâties entre les racines de quelques arbres, sur les corniches avancées des montagnes. Le grand couvent est en bas, sur