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la rive du torrent. Il y a quarante ou cinquante religieux maronites occupés, les uns à labourer, les autres à imprimer des livres élémentaires pour l’instruction du peuple. Excellents religieux, qui sont les fils et les pères du peuple, qui ne vivent point de sa sueur, mais qui travaillent nuit et jour pour l’avancement de leurs frères ; hommes simples, qui ne visent à aucune richesse, à aucune renommée dans ce monde. Travailler, prier, vivre en paix, mourir en grâce, et inconnus des hommes : voilà toute l’ambition des religieux maronites.




Même date.


Hier je redescendais les dernières sommités de ces Alpes ; j’étais l’hôte du scheik d’Éden, village arabe maronite, suspendu sous la dent la plus aiguë de ces montagnes, aux limites de la végétation, et qui n’est habitable que l’été. Le noble et respectable vieillard était venu me chercher, avec son fils et quelques-uns de ses serviteurs, jusqu’aux environs de Tripoli de Syrie, et m’avait reçu dans son château d’Éden avec la dignité, la grâce de cœur et l’élégance de manières que l’on pourrait s’imaginer dans un des vieux seigneurs de la cour de Louis XIV. Les arbres entiers brûlaient dans le large foyer ; les moutons, les chevreaux, les