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ces demeures. Partout les harems forment une aile un peu séparée par des jardins ou des cours de l’appartement des hommes. Ils sont grillés. Je vois seulement de temps en temps la tête d’un joli enfant qui se colle aux ouvertures du treillis enlacé de fleurs grimpantes, pour regarder la mer, et le bras blanc d’une femme qui entr’ouvre ou referme une persienne.

Ces palais, ces maisons, sont tout en bois, mais très-richement travaillé, avec des avant-toits, des galeries, des balustrades sans nombre, et tout noyés dans l’ombre des grands arbres, dans les plantes grimpantes, dans les bosquets de jasmins et de roses. Tous sont baignés par le courant du Bosphore, et ont des cours intérieures où l’eau de la mer pénètre et se renouvelle, et où les caïques sont à l’abri.

Le Bosphore est si profond partout, que nous passons assez près du bord pour respirer l’air embaumé des fleurs, et reposer nos rameurs à l’ombre des arbres. Les plus grands bâtiments passent aussi près de nous ; et souvent une vergue d’un brick ou d’un vaisseau s’engage dans les branches d’un arbre, dans les treillis d’une vigne, ou même dans les persiennes d’une croisée, et fuit en emportant des lambeaux du feuillage ou de la maison. Ces maisons ne sont séparées les unes des autres que par des groupes d’arbres sur quelques petits corps avancés, ou par quelques angles de rochers couverts de lierre et de mousse, qui descendent des arêtes des collines et se prolongent de quelques pieds dans les flots. De temps en temps seulement, une anse plus profonde et plus creuse entre deux collines séparées, et fen-