Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/419

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nière cour du sérail, inaccessible à tout le monde, excepté aux employés du sérail et aux ambassadeurs, les jours de leur réception : elle est bordée de plusieurs ailes de palais, de kiosques, séparés les uns des autres ; logements des eunuques, des gardes, des esclaves ; les fontaines et les arbres y répandent la fraîcheur et l’ombre. Arrivés à la troisième porte, les soldats de garde sous la voûte refusèrent obstinément de nous laisser entrer. En vain Rustem-Bey se fit reconnaître de l’officier turc qui commandait : il lui opposa sa consigne, et lui dit qu’il compromettrait sa tête, s’il me laissait pénétrer. Nous rebroussions chemin tristement, lorsque nous fûmes abordés par le kesnedar ou grand trésorier, qui revenait de la monnaie, et rentrait dans l’intérieur du sérail, où il est logé. Ami de Rustem-Bey, il l’aborda, et, s’étant informé de la cause de notre embarras, il nous dit de le suivre, et nous introduisit sans aucune difficulté dans la cour des Icoglans. Cette cour, moins vaste que les premières, est formée par plusieurs petits palais en forme de kiosques, avec des toits très-bas, qui débordent de sept ou huit pieds au delà des murs, et sont supportés par de petites colonnes ou de petits piliers moresques, de bois peint. Les colonnes, les piliers, les murs et les toits, sont aussi de bois sculpté et peint de couleurs variées. Les cours et jardins, formés par les vides que laissent entre eux les kiosques, irrégulièrement disséminés dans l’espace, sont plantés irrégulièrement aussi d’arbres de toute beauté et de toute vieillesse : leurs branches retombent sur les édifices, et enveloppent les toits et les terrasses. L’aile droite de ces bâtiments est formée par les cuisines, immenses corps de logis dont les nombreuses cheminées et les murs extérieurs, noircis par la fumée, annoncent la destination.