Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/62

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nie des musulmans tremble maintenant devant celui du dernier de ses pachas.

On sait le reste de cette campagne, qui rappelle celle d’Alexandre ; Ibrahim est incontestablement un héros, et Méhémet-Ali un grand homme ; mais toute leur fortune repose sur leurs deux têtes ; ces deux hommes de moins, il n’y a plus d’Égypte, il n’y a plus d’empire arabe, il n’y a plus de Machabées pour l’islamisme, et l’Orient revient à l’Occident par cette invincible loi des choses qui porte l’empire là où est la lumière.




Même date.


Le sable qui borde le golfe de Saint-Jean d’Acre devenait de plus en plus fétide. Nous commencions à apercevoir des ossements d’hommes, de chevaux, de chameaux, roulés sur la grève et blanchissant au soleil, lavés par l’écume des vagues. À chaque pas, ces débris amoncelés se multipliaient à nos yeux. Bientôt toute la lisière, entre la terre et les falaises, en parut couverte, et le bruit des pas de nos chevaux faisait partir à tout moment des bandes de chiens sauvages, de hideux chacals et d’oiseaux de proie, occupés depuis deux mois à ronger les restes d’un horrible festin que le canon d’Ibrahim et d’Abdalla leur avait fait. Les uns