Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/7

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous croyons au niveau de la plaine de Jéricho et de la mer Morte.

Nous nous remettons en route, déjà accablés de la chaleur et de la fatigue de la journée ; nos cavaliers arabes nous flattent de l’espérance d’être en quelques heures à Jéricho : cependant le jour tombe de minute en minute, et le crépuscule ajoute son horreur à celle des gorges où nous sommes. Après une heure de marche dans le fond de cette vallée, nous nous trouvons encore sur les pentes escarpées d’une chaîne de montagnes nouvelle qui nous semble enfin la dernière avant la descente sur la plaine de Jéricho ; la nuit nous dérobe entièrement l’horizon ; nous n’avons assez de lumière que pour distinguer à nos pieds les précipices sans fond où le moindre faux pas de nos chevaux nous ferait rouler ; nos jarres sont épuisées, la soif nous dévore ; un des Samaritains dit à notre drogman qu’il connaît une source dans le voisinage ; nous nous décidons à faire halte où nous sommes, s’il peut en effet trouver un peu d’eau. Après une demi-heure d’attente, le Samaritain revient, et dit qu’il n’a pu trouver la source. Il faut marcher ; il nous reste quatre heures de route.

Nous plaçons les Arabes de Naplouse à la tête de la caravane ; chaque cavalier a l’ordre de suivre pas à pas celui qui le précède, sans perdre sa trace ; le plus profond silence règne dans toute la bande ; la nuit est devenue si sombre, qu’il est impossible de voir à la tête de son cheval ; on suit son compagnon au bruit de ses pas. À chaque instant la caravane entière s’arrête parce que les premiers cavaliers sondent le sentier, de peur de nous précipiter dans l’abîme ;