Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cartai petit à petit les grappes et les feuilles du lierre, et je parvins, sans être entendu, à faire à ma tête une étroite ouverture par laquelle je pouvais voir à travers la vitre ce qui se faisait dans la maison. Mais, au premier moment, j’avais beau regarder, je ne voyais qu’un brouillard de feu, tant le trouble et l’impatience de mon esprit m’avaient jeté un nuage sur la vue. Peu à peu, ça se débrouilla pourtant, et je commençai à apercevoir un feu dans l’âtre et des figures qui allaient et qui venaient autour de la flamme, en faisant résonner leurs sabots sur les cadettes de pierre du plancher. Mais je ne pouvais me dire encore si c’étaient des hommes ou des femmes, des vieillards ou des enfants. Ô ciel ! me disais-je, si j’avais tant seulement une fois entrevu le corsage de Denise, ça me soulagerait, et je pourrais mieux voir les autres. Puis je me sentais froid à tous les membres, et je me disais : Mais si elle n’y était plus ! Ah ! quel moment, monsieur, quel moment ! une éternité ne dure pas plus qu’une minute comme celle-là !