Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/37

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chant ainsi près de cet homme, entrevu de côté à la lueur du soleil qu’il me cachait et qui le vêtissait de son auréole de rayons, on sentait qu’on marchait à côté d’une âme. Tout pensait, tout sentait, tout aspirait, tout montait dans cette tête détachée du corps rustique qui la portait. On croyait voir le profil d’une pensée se détacher dans le soleil du matin, sur le fond bleu et lumineux du firmament. Je n’osais pas lui adresser la parole, de peur de déranger le recueillement de ses traits. Sa voix, quand il répondait brièvement au vieux fermier, était timbrée, creuse et grave comme le son d’une dalle de marbre amincie et sans fêlure sous le petit marteau du polisseur ; son accent ne causait pas, il chantait. On eût dit que tout était hymne dans cette poitrine, jusqu’à oui et non.

IV.

Le père Litaud me jetait par moments un regard d’intelligence, à la dérobée, pour me dire : Voyez si le tailleur de pierre n’est pas tel que je vous ai dit. Puis il hochait un peu ses cheveux blancs,