Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/38

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pour se dire à lui-même : Je doute que monsieur lui fasse entendre raison.

Nous arrivâmes aux mélèzes. Je montrai le haut du mur éraillé au tailleur de pierre. Il déplia sa toise pliée en éventail et marquée en pieds, pouces et lignes, pour mesurer le nombre et l’épaisseur des dalles que je demandais.

— C’est tant de toises, me dit-il en se rapprochant.

— Eh bien faites-les-moi le plus tôt possible. Voilà ma carrière, à deux pas d’ici, d’où vous allez tirer. Mais dites-moi d’abord combien vous voulez avoir par pied carré ?

— Je n’en sais rien, répondit-il avec un embarras visible et touchant.

— Et qui le saura, lui dis-je, si ce n’est vous ? Ce sera donc moi tout seul ?

— Non, monsieur, répliqua-t-il avec une timidité plus embarrassée encore, et qui fit gonfler les veines et rougir légèrement la peau de son front baissé. Ni vous ni moi ce sera Dieu.

— Comment, Dieu ! m’écriai-je.