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Page:Lamber - Le siège de Paris, 1873.pdf/81

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10 SEPTEMBRE.

À côté de la queue formée par nous, au milieu de laquelle je suis serrée comme dans un étau, il y en a une autre. Lorsqu’on ouvre la petite porte de la balustrade en spirale qui conduit au guichet, plus de mille personnes nous repoussent ; la seconde queue nous écrase contre la balustrade. Nous luttons, nous perdons nos places, les hommes frappent, les femmes crient ; c’est une bagarre affreuse. J’étouffe ! Je me sens pressée et broyée contre la balustrade que je n’ai point lâchée.

Je jette un cri de douleur, je perds un instant connaissance. Un ouvrier et un bourgeois, qui me protègent depuis plusieurs heures, s’arc-boutent en tenant la barrière et parviennent ainsi à me dégager un peu. Je respire ! Ils appellent à mon secours des gardes nationaux. Ceux-ci, outrés des injustices qui viennent de se commettre, forment un carré, et, baïonnettes en avant, font reculer les nouveaux venus. Autre bagarre ! Des coups de poing donnés et rendus, des menaces ! Je vois tout, j’entends tout à travers un nuage. Au moment où les